Ce lundi 11 avril, tous juste sortis de la troisième semaine d’immersion sur l’axe Rennes / Lamballe, nous présentions la résidence à la chaire « Gares » de Gares et Connexions, à Paris, en compagnie de Julien Guennoc.
Nous intervenions au sein d’un panel varié de chercheurs (certains en cours de doctorats en CIFRE sur des problématiques spécifiques aux gares, d’autres plus généralistes sur les problématiques d’urbanismes et de transformation des lieux publics, comme le brillant Luc Gwiazdzinsky de l’université de Grenoble, qui animait les échanges de l’après-midi) de concepteurs (dont Isabelle Le Saux du Design Lab de l’AREP) ainsi que de membres des différentes filiales de la SNCF.
Qu’est ce qu’innover en gare ? Au fil de l’après midi différentes tendances et cultures de projet transparaissent concernant la question de la modernisation des gares, petites et grandes. D’un côté les acteurs institutionnels prônent une rénovation par le bâti, à travers de grands projets architecturaux, marquant les villes par une ambition politique forte. « Dans les nouvelles gares, on travaille l’attache à la ville, dit Isabelle Le Saux du Design Lab de l’AREP, la place est fait à la transparence et à la profondeur du regard« . Propos repris par Bruno Moriset (chercheur, Université Jean Moulin) pour qui la configuration ancienne des quartiers de gare, avec une « entrée » officielle et prestigieuse et un arrière plan souvent mal famé, est révolue. « On doit pouvoir entrer dans la gare de tous les côtés« . Cette vision du projet de gare concerne évidemment essentiellement les grandes gares, dont la rénovation est lourde et coûteuse, et demande un engagement très fort de la collectivité – comme en témoigne la présentation de Dominique Lécluse (Gares & Connexion PACA) sur la future gare de Nice.
D’un autre côté, des pratiques plus proches de celles de La 27e Région, c’est-à-dire s’intéressant moins au cadre bâti qu’aux usages et aux pratiques en gare, commencent à se faire entendre. C’est dans ce sens que va le retour d’expérience du Grand Lyon sur leur « hackaton » dans la gare Saint Paul à Lyon, appelé Gare Remix. « La logistique pour coordonner 3 jours de créativité en gare, pour lever les contraintes et laisser aux communautés créatives la place de s’exprimer, a été énorme » confie Lucie Verchère (Grand Lyon) « cependant ces approches amènent un vrai souffle d’air frais sur ces équipement vieux et contraints que sont les gares« .
La résidence « Gares BZH » et l’expérience de Gare Remix ont de nombreux points en communs : équipes pluridisciplinaires en immersion, dans des cadres propices à l’expérimentation, où une partie des contraintes techniques liés aux espaces en gare sont levées. Cela semble la condition sine qua non pour que ces démarches puissent porter leurs fruits. Cela veut-il dire pour autant que ces approches ne peuvent fonctionner qu’à petite échelle ou de façon événementielle, sans arriver jamais à impacter les grands projets de modernisation en cours ? Il ne faut pas confondre rénover et innover, que ça soit sur le terrain ou au sein même des institutions partenaires : les participants du colloque semblent être d’accord sur ce point. Si les grands chantiers sont nécessaires, il faut y inoculer de façon stratégique un approche transversale des usages, permettant aux acteurs d’avoir toujours un pas d’avance. « Il nous faudrait aller en gare de Nice, dès demain, lance Luc Gwiazdzinsky, avec La 27e Région, et occuper le chantier avec des ateliers, des prototypes, et une vraie place pour la parole des usagers« . Enthousiasmant pour la suite, non ?